Le trek El Choro, c’est 57 kms de chemin Inca, au départ des Andes à 4870 mètres d’altitude et arrivée à Coroico, bourgade dans les Yungas, à mi-chemin entre les Andes et l’Amazonie. Altitude à la fin du trek : 1300m. Infos sur le guide du routard : 0/10. Infos sur le Lonely Planet : 2/10 ; ils en parlent, c’est déjà pas mal mais font des sacrées bourdes… et font-ils le trek en courant ou à dos de mule ?
Est-ce de la faute au guide ou à notre entêtement, toujours est-il que ce trek a été comment dire… Plein de surprises !
Il n’a déjà pas franchement commencé comme on l’avait prévu… Le programme initial était pourtant parfait. On décolle à 8h de la Paz en collectivo direction Coroico, on se fait déposer à une heure de la capitale à la Cumbre, où le chemin Inca débute. Ensuite, on marche jusqu’à Challapampa à 7h de là pour passer la nuit dans un « camping » à l’abri puis le lendemain on randonne tranquillement en descente jusqu’à Sandillani où il est noté sur le Lonely qu’il y a une auberge où l’on peut manger et/ou dormir. Parfait, on ne prévoit donc que 4 repas, confiants !
Mais tout cela, c’était sans compter sur les diverses grèves, blocages, manifestations en lien avec les élections actuelles ou pas qui ont eu raison de notre programme trop ficelé pour la Bolivie. Nous sommes donc restés coincés au terminal de bus (un vrai sketch) jusqu’à 11h30, d’abord parce qu’il y avait un « blocage » (on a vu personne bloquer mais il est ici coutume de respecter ce que l’autre demande de faire à savoir pas passer). Puis vers 10h30 ce fut à cause de la neige qui empêcherait les véhicules de passer le col de la Cumbre… Oups, on n’avait pas prévu la neige dans notre programme. Après une grosse colère des chauffeurs de bus, le commandant de police a donné son accord pour passer… Par la Ruta de la muerte ! La route de la mort est nommée ainsi à cause des trop nombreux accidents qui s’y produisaient. C’est une route à flanc de montagne qui est officiellement fermé à la circulation depuis quelques années déjà et qui est exploitée par les vttistes (super excursion au départ de La Paz mais trop chère : 50€). Une nouvelle route à été créée.
Nous avons donc deux choix : nous rendre à Coroico en passant par la route de la mort sans mourir et sans faire notre trek OU débuter le trek à 12h30 sous la neige, en sachant que nous ne pourrons être aux campements prévus à temps : quid du 5eme repas et du couchage à l’abri ? Nous choisissons donc le trek (pas franchement à l’unanimité mais bon…).
Nous débutons à 4870m une montée du tonnerre dans un brouillard où l’on ne voit pas à 20m, la cabane pour s’enregistrer est fermée (on est exonérés des frais de parc au moins), nous sommes absolument seuls, tout va pour le mieux. Après avoir atteint difficilement le col en 45 minutes (marcher à 5000m d’altitude avec 10 kgs sur le dos n’est pas une mince affaire), nous ne trouvons pas le chemin… Il y en a bien un évident sur la gauche après les cairns mais avons deux copies écran de blogs nous indiquant ne pas aller a gauche mais tout droit en direction de la vallée. Mon super GPS qui nous a tant servi semble perdre la boussole à 5000’… Allez c’est parti, pas le temps de traîner on a presque 4h de retard, nous fonçons dans une pente à plus de 160 degrés, tout en terre recouverte de cailloux tout fins qui glissent sous nos pieds et nous font faire des pas de géant. Personne n’est passé ici depuis des lustres c’est sûr… Ok c’est la saison des pluies (petit détail de rien du tout…) mais quand même, c’est louche surtout que ça ressemble plus à un ravin qu’à un chemin Inca ! On se dit (pas assez rapidement) qu’on fait fausse route. Il est 13h30 on doit remonter cette pente insurmontable avec des poumons de la capacité d’un enfant de 3 ans et ENFIN débuter notre trek. Manquerait plus que la pluie !
Revenus sur le chemin à 4 pattes mais toujours prêt à en découdre (on n’a plus trop le choix en fait…), nous marchons à pas de course et en descente cette fois sur le chemin Inca qu’on a évité au départ (trop évident!). Des ruines de villages Incas se dressent sur notre chemin, c’est magique de se savoir ici, le sourire nous revient et la confiance aussi. Apres avoir passé un poste d’enregistrement (on est bien seuls sur le trek aujourd’hui) nous arrivons à 17h30 au village de Chucura à 3600 mètres d’altitude où nous devons nous acquitter de 20bs pour l’entretien des chemins. Il n’y a pas de camping (cher Lonely, où est-il ? Même à 1h aux alentours il n’y a rien). Le pépé du coin nous propose de camper devant chez lui, le terrain n’est pas trop mouillé. Morgan repère un abri « au cas où »… La nuit sera courte, entre les recommandations du Lonely qui déconseille de camper au bord des chemins et de faire attention à ses affaires car il y aurait des vols, et les ânes, chiens et autres animaux (ou enfants) qui passent par là. Et aussi, j’allais oublier l’orage à 4h30 du mat qui nous a sorti fisa de la carpa qui comme on l’imaginait, prend l’eau. Heureusement qu’il y a un abri de 50 cm de large où l’on peut attendre le lever du jour et la fin de l’averse qui arrivera au même moment.
Notre deuxième jour, on doit avaler les kilomètres pour nous rendre à Sandillani et profiter de l’auberge pour dormir et manger. D’après les heures de marches indiquées sur le Lonely, on va marcher, mais ça va le faire, surtout en partant à 7h du mat. La marche est belle en plus, la pente légère et… Aie ! Première chute pour Morgan. Les pavés sont hyper glissants, vraiment… On enchaine les gamelles, toujours soutenus par notre sac qui nous empêche de nous faire mal, les fesses dans l’eau, puis les pieds (c’est un chouille inondé), puis l’épaule de Morgan contre les pavés incas. On n’est pas arrivés à Challapampa (l’abri a tente existe bien et le site et est top pour camper) à trois heures de là qu’on est cassés. Mais qu’est-ce-que c’est beau ! On voit les paysages changer et le chemin rétrécir dans un décor luxuriant… Mais toujours ces pavés et cette fois une descente du tonnerre jusqu’à El Choro à soi-disant 2h de là (ça sera 3’30 pour nous). Imaginez-nous, absolument seuls dans la nature, les fesses mouillées avec nos 10 kgs sur le dos, appréhendant chaque pas et jurant à souhait… !
À Choro, pas de village où l’on peut se ravitailler ou camper comme noté dans le Lonely, absolument rien d’autres que des poules et un abri vraiment délabré. Il est 12h30, on s’arrête pour déjeuner puis traversons un pont pour nous lancer dans une montée interminable qui nous conduit dans des montagnes grandioses. On enchaînera des descentes et des montées jusqu’à 17h environ complètement sur les rotules, à San Francisco où il y a une arrivée d’eau et un abri où l’on peut camper (15bs). On achètera même une bière à l’un des trois habitants du village. Il est possible de s’arrêter 3h avant à Buena Vista où un couple à aménagé des super emplacements de camping avec une vue inimitable ; en plus ils sont adorables…
Après une bonne nuit dans notre carpa à l’abri à côté de mamie qui fait du feu dans sa cabane en bois de 5m2, nous repartons pour en découdre avec notre trek avec comme image en tête l’auberge Sol y Luna à Coroico, sa piscine, sa douche et sa cuisine… On mettra 3h30 pour nous rendre à Sandillani, en traversant des cascades avec de l’eau jusqu’en haut des genoux (ou des cuisses ça dépend pour qui !), accompagnés de papillons magnifiques, de fleurs tropicales, on a même vu un perroquet bleu/blanc/rouge (yeaahhhhh) qui nous a laissé l’admirer pendant de longues minutes. À Sandillani, tout semble éteint, vide, sans vie (il s’agit probablement d’un village touristique qui ne fonctionne qu’en haute saison). Nous croisons alors 2 allemands qui ont fait le trek en 4 jours et avec qui nous finirons les dernières 2h30 de marche en descente, faciles mais dures après 3 jours de marche. Arrivés à Chairo, nous négocions bien difficilement (160 bs, hors de prix pour ici) un transport pour nous 4 afin de nous rendre ensemble à Coroico et profiter de ne rien faire pendant deux jours dans une auberge au top… Le pied !
On est vraiment contents d’avoir réalisé ce trek seuls, en croisant durant 3 jours 10 locaux, autant d’enfants, de poules, de lamas et de mules, des papillons par centaines, des chutes (d’eau et au sol) à ne plus les compter et tout autant de piqures de moustiques fruitiers invisibles et ravageurs. C’était l’enfer et le paradis, c’était top !
10 Comments
Salut Éva.c’est marie line Georges, on était ensemble en bta!! Magali vuillerme m’a parlé de ton voyage et de ton blog,par curiosité j’ai donc regardé les photos (qui sont magnifiques !) et lu tes aventures!
Je trouve ça vraiment super et je suis vraiment impressionnée!!!
Continuez bien vos aventures!!!
Marie line
Salut Marie Line ! Merci pour ton message, c’est très gentil de ta part. On a encore un peu plus d’un mois pour profiter de ce super voyage, peut être qu’on aura l’occas de se revoir via Mag 🙂
Bises
Putain, sur la première photo je vois des Morgan Du Pérou de partout, m’rend fouuuuuuu
Mais bien sûr que Mo a manifesté ! Il sait toujours pas pourquoi mais il est français donc pas besoin 😉
Hello à vous deux,
Merci beaucoup pour les infos. Votre article (et votre blog) est vraiment génial.
Nous partons après-demain pour faire le trek, en espérant qu’il n’y ait pas de bloquage pour le bus :p
A bientôt
Greg
Salut Greg,
Comment s’est passé le trek? Nous y allons début aout.
merci pour tes infos. est ce que tu nous conseilles une agence?
Allez, à bientôt.
Pierre
Salut Pierre, il est extrêmement facile d’organiser ce treck à La Paz.
Toutes les agences pourront te le proposer. La seule différence c’est que cela te courte pratiquement rien en le réalisant par ses propres moyens 🙂
Ce trek était dans tous les cas magique car passer de pratiquement de 5000m à 1500m de déniveler permet d’avoir des paysages variés.
Hésites pas si tu as besoin de plus d’infos.
Bonjour,
Quel blog sympa, et quelles belles photos !
Savez-vous si sur le trek du Choro, on peut dormir chez l’habitant ou dans des auberges ?
Ou bien faut-il absolument partir avec du matériel de camping ?
Merci d’avance pour votre aide.
Sandrine
Bonjour Sandrine,
Je ne vois votre message qu’aujourd’hui, désolée !
Vous ne trouverez pas d’hébergement sur ce trek, on ne traverse qu’un village, Chucura, très sommaire en terme d’habitation. La collectivité avait construit des dortoirs, laissés à l’abandon lors de notre passage.
Les boliviens qui vivent le long de ce chemin Inca sont très démunis, ils vivent de l’élevage de Lamas, ou de rien à première vue. Peu habitent dans cette région d’ailleurs, en lien avec l’isolement je présume. En tous cas, à Challampa (1ère nuit), Buena Vista et San Fransisco (2ème nuit), vous pourrez installer votre tente contre une petite contribution. Le terrain de Buena Vista est splendide, la vue est unique. Ils vendent également de quoi se restaurer (épicerie sommaire) et quelques boissons. Ces 3 lieu-dits ne sont habités que par une ou deux familles.
Il sera donc indispensable de partir avec du matériel de camping et de quoi vous restaurer car si les habitants sont en vadrouille, vous ne trouverez rien sur le chemin.
Bonne route sur ce trek inoubliable et merci pour votre sympathique message !
Bonjour,
vous avez un très beau log!
J’ai l’intention d’aller faire ce trek dans quelques semaines, et j’aurais deux petites questions:
1. J’aimerais juste confirmer qu’il n’est pas nécessaire de faire affaire avec une agence de La Paz pour faire ce trek. Puis-je y aller par-moi-même?
2. À quelle auberge (son nom si vous l’avez) avez-vous été à Coroico?
Merci beaucoup et encore félicitations pour votre blog, les photos sont magnifiques!
Marc-Alexandre